mardi 10 mars 2020

TAHITI (1)





                            TAHITI    (1)








                                          Je dirai l’aventure

De celui qui, le premier, lança la 
                        pirogue        
                                 dans la passe


Au-delà du récif



                      Pirogue de bois cousu
             
                      Et creusée au feu





       Mais que l’on préserve l’homme de   
                     mémoire
     Celui sait les chemins des étoiles au 
                  miroir de la mer …

            Celui qui sait les îles

              Les tortues

   Les grands poissons pélagiques

      Pour l’hameçon de nacre



 Que l’on préserve celui-là car il sait la 
                     famille
        Les offrandes propitiatoires

            Aux tables de pierre

              Il sait le mot

            Il sait le chiffre



             Mais s’il faillit …

        Qu’on le pousse au ravin

          Et puis qu’on le lapide



 Que son fils, à son tour nous récite les

    chemins pour la pirogue double …




    Que les vents nous soient propices

                      et la vague …

       Que le ciel nous soit sans voiles

            les astres bien visibles

    Conditions pour nos longs périples

    par voies maritimes d’une extrémité

                     à l’autre

            et vers les deux  continents… 



                   J’ai chanté l’aventure

                   de celui qui, le premier
   
               lança la pirogue dans la passe

                     au-delà du récif



   Que l’on préserve l’homme de mémoire
   Celui qui sait les chemins au miroir de
                        la mer …

       


    
                               
                     




     Ce poème aura une suite ... Guettez la !              
             
                     





    
             

                













        

                                   


       




dimanche 8 mars 2020

VOYAGES .....





  ALLER ET
  VENIR



                    Voyages




                                       VOYAGES

            Longs quais des gares, quelque part, en France ou ailleurs … Sifflets, nuées, vapeur, fumées, chuintements, soubresauts cadencés, sifflets encore, longues expirations… Verrières passages souterrains, univers d’acier … Et le cheminot qui frappe les roues des wagons, l’une après l’autre, avec sa massette. Casquettes, vestes galonnées … Manches à eau pour remplir les chaudières, signaux, feux rouges et verts, leviers des aiguillages, pylônes et câbles, ponts et passerelles … 
«  Messieurs les voyageurs … »

        Et puis les quais, toujours, avec quelques mauvaises herbes qui poussent entre les pavés, là-bas, tout au bout. Des pigeons picorent sur la seconde voie, celle qui sert pour les trains de marchandises : Des wagons contenant des céréales ont dû passer … 

                Le train, le voilà ! La locomotive est apparue au sortit du virage, noire, luisante, monstre apprivoisé. Le train arrive : « Messieurs les voyageurs sont priés de rester en deçà de la ligne de sécurité ». – Attendre que les portes s’ouvrent, attendre la descente des arrivants et, tant bien que mal, hisser sa valise en haut des marches . C’est assez malaisé !

                  Puis les trains ont changé : Motrice diesel, motrice diesel-électrique  et, bientôt, motrice électrique, tout simplement : Plus de vapeur, plus d’odeurs, beaucoup moins de bruit, des wagons brillants profilés comme carlingues d’avions. Bientôt, ce sont les trains à grande vitesse : Ils ressemblent assez à des navettes spatiales !

                  Quais des ports : odeurs d’huiles et de graisses, odeur d’épices et de savon de Marseille, odeurs d’outre-mer. Les cheminées fument doucement. Ce n’est que lorsque le bateau largue ses amarres que les cheminées s’empanachent. Des grues, des palans, des voies ferrées, des docks, des hangars, des hommes qui s’activent, portent des charges … Des sifflets, des bruits de tôles, des remorqueurs têtus, des bites d’amarrage, des filins, des cordages, des marins qui se penchent aux bastingages. – « Avez-vous vu, sur la dunette, le capitaine et son équipe ! ».

                Mais les ports ne sont plus dans les villes : On les a repoussés au-delà. Les dockers ne portent plus les charges. Les engins sont partout, courant, arpentant les quais : élévateurs, grues titanesques, monte-charges, insectes affairés …. Les voyageurs partant en croisière  arrivent dans de superbes gares maritimes, sont accueillis par des ondines au sourire avenant, conduits jusqu’aux passerelles par des bus rutilants et confortables. Il n’y a plus de fumées … Rien que celles des cuisines qui se diluent dès la sortie de la cheminée. Le bateau est haut comme un immeuble de vingt étages et plus. Généralement il est tout blanc. Il est équipé de plusieurs piscines, de luxueux salons et de multiples attraits. On ne compte plus les bars et les salles de jeux … 

                    Un peu plus loin, au bord d’un autre quai, un cargo se prépare à partir. Mais on ne parle plus de cargo : On dit un porte-containers : Son pont est surmonté d’un empilement étourdissant de « containers » d’acier … On se demande comment un tel bateau peut bien flotter, comment il peut ne pas basculer … comment le chargement peut bien ne pas partir à la mer.

Les aéroports … Les aéroports, au fond, sont à peu près tous les mêmes, qu’ils se trouvent en Europe, en Asie ou en Océanie , en Afrique … Larges baies vitrées, portails coulissants silencieux, boutiques de souvenirs, boutiques de produits de luxe, écrans lumineux sur lesquels s’affichent les horaires des départs et des arrivées … Ne pas les quitter des yeux ! … Salles dans lesquelles tournent en silence des valises grandes et petites, étiquetées, comptoirs auprès desquels des files s’allongent, haut-parleurs diffusant des voix sucrées … Néons, escalators, ascenseurs, tapis-roulants, navettes glissant derrière des parois vitrées, sans bruit, portiques de détection, uniformes et pas pressés, vestales hiératiques traînant de petits bagages roulants, légers … Jupes strictes de déesses, talons hauts, bibis crânement portés, bas bien tirés …Pantalons bleu marine des équipages masculins, casquettes,  galons dorés sur les manches et sur les vestes d’uniformes … Beaucoup de galons dorés …  Chaises des terrasses où l’on patiente en buvant son café, tables des restaurants … Ectoplasmes humanoïdes poussant des chariots porte-bagages, patrouilles de militaires en armes, l’œil aux aguets, le doigt sur la détente … Chuintements doux, odeurs suaves … Des avions qui semblent des monstres un peu inquiétants roulent sur le tarmac, tournent, puis s’arrêtent. Des  portes s’ouvrent après le déploiement des passerelles : tubes tentaculaires aux parois en accordéon. Les arrivants passent directement dans les couloirs très, très longs, qui débouchent dans les halls immenses … D’autres avions prennent la piste lentement, presque gauchement, puis ils accélèrent et se cabrent : Ils sont partis … On n’a rien entendu ou presque rien. Aciers inoxydables, laques, chromes, nickels, verre … Une machine pilotée par un homme à gilet de couleur nettoie le sol et passe adroitement entre les meubles, entre les gens …

-      «  Par souci de sécurité, vous êtes priés de garder vos bagages et vos colis près de vous. Tout paquet abandonné sera saisi et détruit ».

« Ils sont enfin arrivés ! » – Oui, mais il reste une trentaine de kilomètres à parcourir pour atteindre la ville : Soit en autobus, soit en taxi … Soit par le train. 
 - « Vous êtes priés de vous présenter devant les portails 5 et 6 ». Patience, patience … Vous finirez bien par arriver !

-  « Allons Toto … Donne-moi la main et suis-moi ! »


                                         *